Tigresses de mamans
La scène se passe dans un parc. Des enfants par dizaines jouent au milieu, tandis que les mamans et les nounous papotent, lisent ou tricotent tout en surveillant leurs enfants du coin de l’œil.
Puis de temps en temps, des cris plus forts que d’autres, les mamans ou les nounous concernées lancent des rappels à l’ordre. Les enfants se calment et les jeux peuvent reprendre.
Quelques minutes après, les cris reprennent. J’ai manqué le début de la scène, mais quand j’ai levé les yeux, une petite fille d’environ 4 ans était en train de tirer les cheveux à un petit garçon d’à peu près le même âge. Les cris et les coups fusent. Les deux mamans concernées se lèvent, interviennent doucement mais les deux enfants ne veulent rien entendre.
La petite fille assure que le petit garçon l’a poussée, le petit garçon soutient que c’est elle qui a commencé, la petite fille rétorque qu’il traînait sur son chemin (c’était un toboggan), le petit garçon affirme que c’était son tour un point c’est tout, la petite fille en sanglotant lui tire encore une fois les cheveux, la maman de la petite fille la tance mais rien n’y fait elle tire de plus belle, le petit garçon répond par une tape, la maman du petit garçon n’intervient pas, la maman de la petite fille dit à la maman du petit garçon d’intervenir comme elle fait elle-même avec sa petite fille, la maman du petit garçon rétorque « votre fille est quand même un brin capricieuse », la maman de la petite fille répond que ce n’est qu’une enfant et qu’il n’est pas nécessaire d’entrer dans leur chamaillerie, la maman du petit garçon lance qu’elle ne va pas rester les bras croisés alors que son enfant se fait maltraiter par la petite fille, …
Très vite, la bataille entre les deux enfants se transforme en invectives de deux mamans qui, telles deux tigresses, se mesurent, se lancent des piques, s’attaquent en règle. Encore un peu et c’était le crêpage de chignons …
Sur le chemin du retour, je me suis demandée ce que j’aurais fait à la place de la maman de la petite fille ou de celle du petit garçon. Je sais tout simplement que la foudre et les étincelles que ces deux femmes se lançaient ne sont qu’à la mesure de notre amour pour nos enfants. Et quand il leur arrive quelque chose, nous sortons spontanément nos griffes, que nous soyons douces ou rudes, gentilles ou sévères. En toute mauvaise foi, le plus souvent.